Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/124

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Washington dans le temple de Mars (c’est ainsi qu’on appelait encore à cette époque la chapelle des Invalides). Fontanes avait montré dans ce discours les deux qualités distinctives de son talent, une mesure et une convenance parfaites ; et, depuis ce moment, se manifesta le goût que Napoléon eut toujours pour lui. Élu membre du corps législatif en 1802, inscrit sur la liste des cinq candidats à la présidence annuelle, choisi par le premier consul en 1804, Fontanes dont les idées monarchiques et les tendances religieuses étaient notoires, représentait, dans le jeu de la politique napoléonienne, cette force religieuse et royaliste que le chef du nouveau gouvernement cherchait à équilibrer avec la force révolutionnaire et philosophique, de manière à se servir de toutes deux et à se défendre de l’une par l’autre. Plus tard, quand le premier consul, devenu empereur, songea à fonder l’université impériale, la trace de la même pensée se retrouve. Fontanes occupe dans ce corps immense la position de grand maître, qui semble sans contre-poids, mais qui, en réalité, est balancée par d’autres influences, celle du ministre de l’intérieur et celle de Fourcroy, directeur de l’instruction publique, animé de sentiments tout à fait opposés de sorte que cette université, destinée à former l’esprit de la jeunesse, et par conséquent à exercer une puissante influence sur la littérature comme sur la destinée de l’avenir, est dominée par un double esprit. Le grand maître y fait entrer le plus de chrétiens et d’hommes monarchiques qu’il peut ; grâce à lui, M. de