Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/134

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purement intellectuels. Trois efforts successifs avaient été faits par la Constituante, la Législative et la Convention pour réorganiser l’instruction publique, trois efforts inutiles ; les grandes eaux qui montaient toujours emportaient ces commencements prématurés d’une reconstruction encore impossible.

Ce ne fut que vers l’avénement du directoire que, la période des destructions étant achevée, et le calme semblant aspirer à renaître, les études reprirent leur cours et la philosophie commença à reparaître. Les écoles normales fondées, l’Institut établi, lui ouvrirent leurs portes vers 1795, et, comme les hommes en qui elle se personnifia à sa renaissance appartenaient à l’époque qui avait précédé la crise révolutionnaire, elle se montra d’abord avec le drapeau de Condillac, le plus modéré des chefs de l’école sensualiste dans les conséquences qu’il tire de son système, quoique le plus dangereux peut-être en raison de cette circonstance ; car les conséquences n’en existent pas moins, qu’elles soient dissimulées ou avouées. Ils n’inauguraient point une philosophie nouvelle, ils continuaient celle que la révolution avait interrompue dans les idées, appliquée dans les faits. Le livre de Cabanis, sur les Rapports du physique et du moral ; l’Idéologie, de Destutt de Tracy ; les Signes, de M. de Gérando ; le Traité de l’habitude, de M. Maine de Biran ; les études de M. de Laromiguière, sur les Sensations et les idées ; l’Introduction à l’analyse des sciences, par Lancelin, sont tous des développements de la philosophie de Condillac. Destutt