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fut membre de la commune de Paris depuis le 14 juillet 1789 jusqu’au 10 août 1793, et ne se retira que devant le triomphe de la violence à l’hôtel de ville, c’est-à-dire peu d’heures avant le renversement de l’autorité légale de la royauté. M. Royer-Collard appartenait donc aux opinions constitutionnelles que représentaient Bailly à l’hôtel de ville, la Fayette dans la garde nationale, puis dans l’armée, et que représenta Barnave à l’assemblée dans les derniers temps de la constituante. On voit reparaître encore une fois M. Royer-Collard, peu de temps avant la journée du 31 mai, qui devait déconcerter, en renversant les girondins, le dernier effort du parti modéré pour régler la révolution. Il vint, au nom des sections de Paris, haranguer la convention, pour l’exhorter à se défendre elle-même contre les violences dont elle était menacée. Ce fut la fin de l’intervention de M. Royer-Collard dans les affaires de la révolution ; il ne paraît un moment plus tard dans le conseil des Cinq-Cents, que pour en être exclu comme royaliste après le 18 fructidor. Il n’était pas cependant royaliste à cette époque, il se plaisait plus tard à le redire ; mais il le devint à la suite de ce coup d’État. Le déréglement de la révolution avait fini par choquer cet esprit ami de la règle ; tant de déraison ne pouvait convenir à un partisan de tout ce qui était rationnel, tant de violence à un caractère modéré, ce perpétuel recours à la force à un adorateur de la puissance morale, tant de crimes à un cœur honnête.