Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/145

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1813, c’est-à-dire pendant deux ans ; au mois de décembre 1813, il avait repris ses leçons, mais la chute de l’empire et l’avénement de la restauration l’interrompirent, de sorte qu’il n’acheva point l’année scolaire, et descendit de sa chaire où il ne reparut plus. L’enseignement de M. Royer-Collard ne dura donc en tout que deux ans et demi. Ce temps lui suffit pour exercer une action puissante sur le mouvement des idées philosophiques. L’objet même de son enseignement, l’histoire de la philosophie moderne, l’invitait à un examen critique des différents systèmes présentés par les philosophes les plus éminents des deux derniers siècles et, fidèle en cela encore à l’exemple donné par le chef de l’école écossaise, il concentra toute la puissance de cet enseignement et toute la force de son esprit sur une seule question, l’origine de nos idées, qui touche, à vrai dire, à tous les problèmes, car elle nous conduit à examiner à la fois ce qui est en nous et ce qui est hors de nous, c’est-à-dire tout l’homme et tout ce qui n’est pas l’homme, la création aussi bien que Dieu. Il avait en outre l’avantage de rencontrer, sur le terrain de ce problème, tous les grands esprits des époques précédentes, Descartes, Malebranche, Locke, Berkeley, Leibnitz, et enfin Condillac, qui l’ont expliqué à leur manière. Son cours réunissait ainsi l’intérêt de la critique à l’intérêt de l’histoire, et il n’est pas étonnant qu’il ait trouvé dans ce sujet un aliment suffisant pour un enseignement de deux ans et demi. Il est seulement