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ces deux points. Dans les choses de la terre comme dans les choses du ciel, il est légitimiste. Dès 1793, il écrivait[1] : « Sujets fidèles de toutes les classes et de toutes les provinces, sachez être royalistes. Autrefois c’était un instinct, aujourd’hui c’est une science. Serrez-vous autour du trône, et ne pensez qu’à le soutenir ; si vous n’aimez le roi qu’à titre de bienfaiteur, si vous n’avez d’autres vertus que celles qu’on veut bien vous payer, vous êtes les derniers des hommes. Élevez-vous à des idées plus sublimes, et faites tout pour l’ordre général. La majesté des souverains se compose des respects de chaque sujet. Des crimes et des imprudences prolongées ont porté un coup à ce caractère auguste ; c’est à nous à rétablir l’opinion, en nous rapprochant de la loyauté exaltée de nos ancêtres. »

Ces sentiments, M. de Maistre les professait et les pratiquait envers son souverain, le roi de Sardaigne. Après les conférences de Tilsitt et d’Erfurt, un ministre de l’empereur Alexandre lui demanda : « À présent, qu’allez-vous faire ? » – « Tant qu’il y aura une maison de Savoie, et qu’elle voudra agréer mes services, répondit-il, je resterai tel que vous me voyez. » En 1796, il avait aidé de sa plume le roi Louis XVIII, par ses Considérations sur la France, et il écrivait en 1809[2], quand l’empire était à son

  1. Lettre d’un royaliste savoisien à ses compatriotes ; Lausanne, 1793-94.
  2. Lettres et opuscules, tome 1er, page 168.