Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/231

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de l’empereur se trouvaient tous levés à la fois. Toutes les discussions endormies, ou du moins assoupies pendant quinze ans, se réveillaient ; on entrait dans une polémique universelle, qui pouvait porter en même temps sur le passé, sur le présent, sur l’avenir, sur les idées et sur les faits, sur la religion, sur la philosophie, la littérature, la politique, l’histoire, et qui retentissait du haut de la tribune, dans les journaux, dans les livres, au théâtre. Que fallait-il penser de la révolution française ? Qui avait eu tort ? Qui avait eu raison ? Était-elle finie ? Continuerait-elle ? Que fallait-il penser de la philosophie du dix-huitième siècle ? À quelles idées devait appartenir le présent ? Quel était le sens de la charte ? Devait-elle être développée, maintenue dans le statu quo ou amoindrie et restreinte ? Était-ce à la philosophie du dix-huitième siècle ou à la religion que devait échoir l’empire des esprits et des cœurs ? Ou bien une nouvelle philosophie ne ferait-elle pas son avènement, et le dix-neuvième siècle, dédaignant de se régler sur les temps antérieurs, ne créerait-il pas tout à nouveau, la philosophie comme la politique, la littérature comme la religion ?

Telles étaient les questions qui allaient s’ouvrir, et chacune de ces opinions devait avoir ses partisans, chacune de ces familles d’idées ses écrivains. La littérature de la restauration se trouvait par là prédestinée à un rôle essentiellement militant, et ceux-là même qui, dans une autre époque, se seraient exclusivement occupés de récréer et d’intéresser leur temps, au lieu