Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/248

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et le goût moderne. » Si l’on tempère cette distinction encore un peu trop tranchée, en disant que nous sommes des barbares qui avons bu à deux sources de civilisation, la Bible et l’Évangile d’une part, l’Iliade et l’Énéide de l’autre, on sera bien près de la vérité, et l’on aura découvert les trois éléments des littératures modernes : l’élément religieux, l’élément des origines nationales simples ou multiples, enfin l’élément classique, par lequel nous nous rattachons à l’antiquité civilisée. Qu’il puisse y avoir des combinaisons diverses de ces trois éléments, selon les peuples et même selon les temps, dans l’histoire des littératures ; que les proportions changent, sous l’action de tel ou tel mobile, rien de plus exact, ni de plus facile à comprendre : car, sans cela, la littérature cesserait d’être en harmonie avec la société, sujette elle-même à tant de changements. Mais qu’on puisse établir une séparation complète entre les deux genres et faire un partage absolu et irrévocabie des langues et des littératures entre le genre romantique et le genre classique, c’est là une exagération qui put séduire les esprits au début d’une nouvelle expérience littéraire, mais qui ne résiste pas à un examen plus approfondi. Dans les langues et les littératures antiques, en dehors des caractères particuliers propres aux temps et aux pays, il y a des beautés générales et éternelles dont on pourrait dire qu’elles ne sont ni grecques ni latines, mais plutôt humaines, par ce qu’elles ont de conforme aux types gravés par le Créateur dans les intelligences créées ; et c’est bien là