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n’avait point encore ouvert son sillon dans le champ de la littérature.


II.

Lamartine : — Méditations. — Harmonies.


On était en 1820 quand parut, sans nom d’auteur, un volume de vers sous ce titre modeste : Méditations poétiques. Il avait fallu faire en quelque sorte violence au poëte pour l’obliger à laisser publier son œuvre. Dans ces vers, qui n’étaient pas destinés au public, il avait épanché son âme, ces premiers souvenirs du cœur à la fois si amers et si doux, dans un temps de la vie ou l’on n’a presque que des espérances, ces troubles intellectuels, que bien peu d’hommes de cette génération n’ont pas ressentis, avant de choisir leur route ou de la retrouver. Un ami découvrit par hasard le manuscrit sur le bureau de l’auteur ; il en lut quelques vers avec étonnement, continua avec intérêt, bientôt avec admiration, et, plein d’enthousiasme à la fin de cette lecture, il déclara au poëte qu’il avait fait une œuvre destinée à renouveler la poésie au dix-neuvième siècle, et qu’il fallait publier immédiatement ce recueil. Le poëte fit quelque résistance. Il n’attachait à ses vers que le prix qu’on met à ces épanchements qui soulagent l’âme ; c’était un souvenir entre lui et un tombeau bien cher, un secret entre lui et la muse. La publicité l’effrayait, les soins à prendre pour la publication d’un ouvrage l’inquiétaient ; on lui pro-