Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/293

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signale lendemain ma nomination de secrétaire d’ambassade, qui lui fut présentée par M. Pasquier, son ministre des affaires étrangères. Quoique M. de Lamartine soit à Florence auprès de M. de la Maisonfort, ministre plénipotentiaire de France, les affaires ne l’enlèvent pas à la poésie, et dans les voyages qui le rendent de temps à autre à la France, les salons se disputent la joie d’entendre quelqu’une de ses nouvelles Méditations auxquelles il travaille. La restauration avait rajeuni la tradition de ces salons à la fois aristocratiques et lettrés, rendez-vous des illustrations du talent et de celles de la naissance, profitables aux lettres comme au grand monde, et c’était un jour de bonheur pour les femmes jeunes, spirituelles et belles, qui accouraient à ces lectures comme à une fête, que d’entendre M. de Lamartine dire lui-même ses vers et laisser tomber cette manne de poésie dans des cœurs ouverts pour la recevoir. C’était, dans ce beau temps, un événement qu’un poëme de lord Byron, qu’un chant de religion, de mélancolie ou d’amour de M. de Lamartine ; une ode de M. Victor Hugo, et pour une autre partie du public, une Messénienne de M. Casimir Delavigne ou une chanson de M. de Béranger. Le goût des choses intellectuelles, des jouissances littéraires, était partout ; à la presse et à la tribune était échue la mission d’intéresser la France. Un écrivain d’un esprit aussi délicat que pénétrant, pour qui ces souvenirs ont tout le charme des impressions de la jeunesse, a peint ces scènes avec une vé-