Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/304

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sies de lord Byron : « Rien ne mérite dans cette histoire la pitié qu’on vous montre ici ; je vois un jeune homme entêté de chimères, à qui tout déplaît, et qui s’est soustrait aux charges de la société pour se livrer à d’inutiles rêveries. On n’est point un homme supérieur parce qu’on aperçoit le monde sous un jour odieux. »

Sans doute la vie a ses tristesses même pour les heureux du monde, et l’instabilité, comme la courte durée des biens qu’on y goûte, leur ôte en partie leur prix. Mais Dieu cependant, qui est la sagesse même et qui a voulu que l’homme pût vivre, a entremêlé les biens et les maux dans la vie, de manière à nous la rendre chère, malgré ce qui nous y manque et ce que nous y souffrons. Sans doute cette soif de l’infini, qui est à la fois notre tourment et notre grandeur, ne trouve point sa satisfaction ici-bas ; notre esprit y est assiégé de doutes, et les grands problèmes qui ont agité l’esprit humain dans tous les âges viennent tourmenter notre intelligence à son tour. Mais après les avoir regardés en face, comme il convient à des hommes, et avoir pris son parti, comme il convient à des chrétiens qui possèdent, dans les mystères, la solution obscure pendant cette vie, mais infaillible de tous ces problèmes, et dans les divins secours de l’Église un aliment et un confort, il ne faut pas recommencer sans cesse contre ces difficultés une gymnastique stérile qui finirait par énerver l’âme créée pour l’action, et rendrait l’homme impropre à cette vie de devoirs à laquelle Dieu l’a des-