Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/322

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Qui s’assied sur sa couche et pleure inconsolée
Parce que son enfant n’est plus.

Quand la naissance du duc de Bordeaux, presque annoncée par Chateaubriand dans les Mémoires sur le vie et la mort de M. le duc de Berry, venait, le 29 septembre 1820, combler les espérances nationales, la voix de Victor Hugo s’élevait, en même temps que celle de Lamartine, pour célébrer cet événement, et l’on peut dire que la joie publique débordait dans ces strophes pleines de mouvement et de vie :

Savez-vous, voyageur, pourquoi, dissipant l’ombre,
D’innombrables clartés brillent dans la nuit sombre ?
Quelle immense vapeur rougit les cieux couverts ?
Et pourquoi mille cris, frappant la nue ardente,
Dans la ville au loin rayonnante,
Comme un concert confus s’élèvent dans les airs ?
 
Ô joie ! ô triomphe, ô mystère !
Il est né l’enfant glorieux,
L’ange que promit à la terre
Un martyr partant pour les cieux.
L’avenir voilé se révèle ;
Salut à la flamme nouvelle
Qui ranime l’ancien flambeau !
Honneur à ta première aurore,
Ô jeune lis qui viens d’éclore,
Tendre fleur qui sors d’un tombeau !
 
C’est Dieu qui l’a donné, le Dieu de la prière.
La cloche balancée aux tours du sanctuaire,
Comme au jour du repos, y rappelle nos pas ;
C’est Dieu qui l’a donné, le Dieu de la victoire ;
Chez les vieux martyrs de la gloire
Les canons ont grondé comme aux jours de combats.