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nages à la petite maison qu’il habitait au fond de la rue de Vaugirard, tout près de la fontaine encadrée entre deux peupliers. Cette maison devint le centre de réunion d’un assez grand nombre de jeunes hommes que leur amour commun pour les lettres rapprochait dans les mêmes études, et qui cédaient à l’attrait naturel d’une femme jeune et belle qui, associée à tous les goûts de son mari, faisait avec grâce les honneurs de la petite maison de la rue de Vaugirard à cette société toute littéraire. Là venaient plus ou moins assidûment MM. Soumet, Sainte-Beuve, de Vigny, Émile et Antony Deschamps, Rességuier, Guiraud, de Beauchesne et toute une jeunesse qui éprouvait un goût passionné pour les choses de l’esprit. Dès cette époque, on commençait à s’entretenir, dans ces soirées, de la nécessité de donner une direction à la littérature. On ne produisait pas sur l’esprit public tout l’effet qu’on aurait voulu produire, et il est facile d’apercevoir, en 1823, dans les vers de M. Victor Hugo, des traces de découragement ; il intitule une des pièces de vers qu’il publie à cette époque, le Dernier Chant, comme s’il disait adieu à la poésie, et il se plaint de l’inutilité de ses efforts[1].

En février 1824, M. Victor Hugo commençait, dans ses préfaces, à exposer quelques idées nouvelles sur la

  1. En vain j’ai fait gronder la vengeance éternelle.

    . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .


    Du haut des cieux, tonnant, mon austère pensée,
    Sur cette terre ingrate où germent les malheurs,
    Tombant, pluie orageuse ou propice rosée,
    N’a point flétri l’ivraie ou fécondé les fleurs.