Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/342

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habile qui, s’inspirant à distance des souvenirs qui lui viennent de l’autre côté du temps, et des récits qui lui viennent de l’autre côté des mers, cherche un sujet de beaux vers dans les calamités qu’il déplore. Dans les Messéniennes sur la Grèce, on est donc frappé de deux symptômes : le perfectionnement de la forme, le refroidissement du foyer poétique.

C’est à cette date aussi qu’il faut placer le mouvement qui se fit dans l’esprit de M. Casimir Delavigne vers les idées d’opposition au gouvernement. Indécis au début, l’auteur devient peu à peu le poëte de l’école libérale, non pas dans sa nuance la plus avancée, mais dans sa nuance intermédiaire. Il perd sa place de bibliothécaire de la chancellerie, mais il est aussitôt nommé par M. le duc d’Orléans bibliothécaire du Palais-Royal. Dans plus d’un endroit de ses ouvrages, il se loue d’avoir gardé son indépendance envers le pouvoir ; il la garda soigneusement, en effet. Quand à l’époque de la nomination de M. Casimir Delavigne à l’Académie, Louis XVIII voulut lui donner une pension, il répondit par un refus délicatement tourné en compliment : La plus grande faveur qu’il pût obtenir du roi, écrivait-il, c’était d’avoir vu sa nomination approuvée par lui, et il priait Sa Majesté de permettre qu’il conservât son indépendance afin de pouvoir la louer avec désintéressement. Mais cette indépendance, la garda-t-il aussi entière vis-à-vis une puissance qui avait, dans ce temps-là, des sourires plus séduisants, des faveurs plus enviées et des exigences souvent plus