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la révolution de Naples[1] et celle d’Espagne, comme il avait salué la délivrance de la Grèce ; l’école politique dont il était le poëte marchait dans ce sens : cela lui suffisait. Chacune des pièces qu’il publiait était donc le calque des idées de l’époque, et il y avait là un puissant élément de succès ; le vulgaire des esprits lisait avec un enthousiasme mêlé d’une sorte de reconnaissance des ouvrages où il se réfléchissait comme dans un miroir, mais dans un miroir qui embellissait par la magie du style toutes les images que reproduisait sa surface brillante et polie.

Ainsi, quand la mort de l’empereur livra sa mémoire à la poésie, Casimir Delavigne, comme la plupart des poëtes du temps, aborda ce grand sujet, et on trouve dans sa Messénienne l’objet d’une curieuse étude littéraire et en même temps une indication précieuse de l’esprit du temps. La forme est empruntée à Shakspeare, cette mer aux grandes eaux dans lesquelles M. Delavigne devait encore puiser avec cet art et cette habileté de l’homme de goût empruntant à l’homme de génie ; c’est le songe de la dernière nuit de Richard III, transporté sous la tente de Napoléon ; seulement, les victimes qui apparurent au premier sont remplacées par des victoires, Arcole, les Pyramides, Waterloo, qui se lèvent devant le second. Le poëte tire de beaux effets littéraires du contraste de la fortune passée du conquérant avec sa fortune actuelle, et il entre dans le

  1. Parthénope et l’Étrangère.