Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/361

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restauration, il proclama fièrement, après la victoire, cette vérité prudemment niée par son avocat au début de la bataille[1]. Dès lors, il n’y a pas lieu de s’étonner s’il s’adresse aux ordres d’idées les plus différents, en mêlant le sensualisme au stoïcisme, l’admiration du despotisme militaire à l’enthousiasme de la liberté, et en passant du déisme de Jean-Jacques à l’athéisme de Diderot, de la morale à l’immoralité. Il fait la grande guerre à la restauration, et toute idée lui convient, pourvu qu’elle soit une arme contre l’ennemi. Certes, ce serait oublier toutes les règles des proportions littéraires, que de comparer Béranger à Voltaire au point de vue du talent, et un ingénieux critique a fait remarquer avec beaucoup de sens qu’au point de vue moral, la conduite de Voltaire, sans être excusable, est plus explicable que celle de Béranger[2]. Mais ce

  1. Dans mon vieux carquois où font brèche
    Les coups de vos juges maudits,
    Il me reste encore une flèche :
    J’écris dessus : Pour Charles Dix.

    (Mes jours gras en 1829.)

    Plus tard, en parlant de lui-même, le chansonnier disait :

    Tes traits aigus lancés au trône même
    En retombant aussitôt ramassés,
    De près, de loin, par le peuple qui t’aime,
    Volaient en chœur vers le but relancés.
    Puis quand le trône ose brandir son foudre,
    De vieux fusils l’abattent en trois jours ;
    Pour tous les coups tirés dans son velours,
    Combien ta muse a fabriqué de poudre !

  2. « Voltaire débute sous la régence, dans un instant de vertige, au sortir d’un règne magnifique, mais dont les dernières