Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/373

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du justiciable contre les lois, du contribuable contre l’impôt, de l’homme contre la société.

Quand on vient à se souvenir de la situation où se trouvait la France pendant la restauration, de tant de ferments de discorde, des difficultés qu’on éprouvait à faire marcher l’épreuve d’un gouvernement si nouveau dans notre pays, au milieu de la contradiction des espérances comme des souvenirs de tant de partis, des exigences de ceux qui voulaient le pousser en avant vers des libertés impraticables, comme on l’a expérimenté depuis, et des répugnances de ceux qui auraient préféré rétrograder vers le passé, on commence à comprendre l’influence qu’exercèrent les chansons de M. Béranger. Parlant à toutes les passions, à tous les partis, à toutes les natures d’esprit, répandues par les commis voyageurs qui servirent de rapsodes à cette petite Iliade en refrains, sortie, comme la grande Iliade, de la colère, elles apportèrent leur flamme à toutes les questions irritantes, versèrent de l’huile sur tous les feux, du poison dans toutes les plaies. Était-il bien généreux et bien patriotique d’enflammer ainsi les discordes, d’aggraver les difficultés et d’ébranler toutes les bases ? Poursuivre d’injurieuses allusions la royauté dont le retour avait prévenu tant de maux et rendu tant de bien possible ; comparer Louis XVIII et Charles X à Tibère, Denys le Tyran, Louis XI ; entraver toutes les démarches du gouvernement royal ; l’accuser des résultats qu’il subissait avec la France ; entretenir les divisions des classes sociales, dont l’union était né-