Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/394

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gues du même principe ; ici le père, là le roi ; ici la mère, là une aristocratie héréditaire ; ici les enfants, là le peuple ou les sujets, qui sont l’objet du gouvernement sans y avoir part. M. de Maistre n’a pas, il est vrai, un système aussi rigoureusement arrêté ; mais il incline vers un gouvernement où le principe de l’autorité ait une prépondérance très-marquée ; il indique, dans ses Considérations sur la France, un retour vers l’antique constitution française, comme la solution la meilleure. Tous deux sont également opposés aux constitutions écrites, et l’on n’a pas oublié les terribles ironies dont M. de Maistre les accable.

Louis XVIII, en publiant la charte de 1814, renouvelée en 1815, avait précisément fait le contraire de ce que ces deux chefs de l’école monarchique et catholique demandaient. Il avait publié une charte écrite, c’est-à-dire ce que M. de Maistre avait condamné d’avance ; et cette charte donnait une participation considérable dans le gouvernement à ceux que M. de Bonald assimilait aux enfants et regardait comme impropres à l’action politique et destinés purement et simplement à la situation de sujets. Il résultait de là que, si les deux chefs de l’école catholique et monarchique avaient vu reparaître, avec la restauration, le principe de gouvernement qu’ils appelaient, ils avaient vu, en même temps, ce gouvernement adopter une forme politique qu’ils condamnaient. Cette situation contradictoire qui rendait les amis du fond ennemis de la forme, eut, quant à la direction des idées,