Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/408

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purs de M. de la Bourdonnaye, les libéraux de M. de Chateaubriand. Chacun voulait entraîner la restauration dans son sens particulier, et se servait à outrance des armes que lui fournissaient la tribune et la presse, sans considérer que ces tiraillements en sens inverses ébranlaient la base sur laquelle chacun prétendait se placer pour gouverner.

On a souvent fait observer que les années les plus troublées de l’histoire et les plus pesantes pour les contemporains sont les plus intéressantes à la lecture. Les années de la restauration où toutes ces idées, toutes ces passions, tous ces intérêts se trouvaient en jeu, furent également les plus éclatantes au point de vue de la polémique politique, qui tient une grande place dans la littérature de la restauration. M. de Bonald, avec son dogmatisme magistral, M. de Chateaubriand, avec son style éclatant, chevaleresque et plein de mouvements ; M. de La Mennais, avec cette véhémence oratoire, cette ironie grave et amère, cette dialectique passionnée qui côtoyaient l’invective ; M. Royer-Collard, qui fut à l’école philosophique et monarchique ce que M. de Bonald était à l’école monarchique et catholique, et dont les opinions, formu-

    aimiez, vous lisiez un ouvrage que la censure va détruire, vous nous avez dit quelquefois que cet ouvrage sauvait le trône ; hélas ! nous n’avons pu sauver vos jours ! Nous allons cesser d’écrire au moment où vous cessez d’exister ; nous aurons donc la douloureuse consolation d’attacher la fin de nos travaux à la fin de votre vie. »