Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/414

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plutôt reparaissait dans la littérature française, l’éloquence de la tribune, qui, pendant la première révolution, avait jeté d’éblouissants éclairs au milieu des orages politiques ; genre qui laisse à la postérité plutôt le souvenir des émotions des contemporains que des œuvres appréciables, mais qui donne à ceux qui y excellent les succès les plus enivrants, et au public les plus vives jouissances.

Au début, il y eut d’abord une grande inexpérience parmi ceux qui abordèrent les discussions publiques ; sauf de rares exceptions, les premières chambres bégayèrent la langue de la tribune plutôt qu’elles ne la parlèrent. Peu à peu, cependant, les talents se formèrent, et un assez grand nombre d’hommes se distinguèrent dans ces luttes, où les questions les plus élevées du droit constitutionnel et international, de la morale publique et même de l’histoire, étaient traitées. C’était là, en effet, le caractère de l’éloquence de la tribune sous la restauration ; les discussions franchissaient sans cesse les limites du temps présent pour reculer dans le passé ou avancer dans l’avenir.

Rien de plus intéressant à suivre qu’un duel de paroles entre M. Benjamin Constant, cet esprit matois, caustique, nu, plein de malignité et M. de Villèle, cette raison si calme, si droite, si habile, si pénétrante, si simple dans la forme et si sûre, dont M. Canning disait : « C’est une grande lumière qui brille à bien peu de frais », et à qui M. Casimir Périer criait souvent quand les discussions se fourvoyaient : « Monsieur de