Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/420

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dérées qu’il croyait menacées, et, comme membre du ministère Richelieu, il avait soutenu les principales mesures présentées par le cabinet, et, en particulier, la loi d’élection votée par la chambre élue après l’ordonnance du 5 septembre. Mais quand il crut apercevoir que le ministère, dont il faisait partie, dérivait vers la gauche, il se sépara de lui avec le duc de Richelieu, M. Molé et M. Pasquier. Quand la loi d’élection qu’il avait soutenue amena M. Grégoire, un régicide, dans les assemblées de la monarchie, il la condamna dans sa pensée. Ce fut à l’occasion de cette élection qu’il produisit un de ces grands effets d’éloquence qui remuaient profondément la chambre et le pays. La nomination de Grégoire, prêtre régicide, était une double insulte et une insulte gratuite faite à la royauté très-chrétienne. Le roi s’était séparé de la droite dans l’ordonnance du 5 septembre ; il s’était même séparé du centre droit et du ministère Richelieu ; la gauche ne pouvait donc se plaindre des tendances du gouvernement, et c’était ce moment que choisissaient les électeurs de l’Isère pour envoyer siéger dans une assemblée monarchique, sous le règne de Louis XVIII, un des juges de Louis XVI ! La liberté des élections était-elle donc la liberté de l’injure envers la monarchie ? Tous les esprits étaient sous le poids de ces réflexions, lorsqu’à la séance où les élections de l’Isère devaient être validées, on vit M. Lainé se diriger lentement vers la tribune. Son front souffrant semblait couvert d’un nuage de tristesse, et toutes les fibres de sa figure ex-