Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/43

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le moment font prévaloir les idées révolutionnaires en France, applaudit à ce triomphe, parce qu’il maintient en Europe l’intégrité de la France, qui est nécessaire à l’avenir du monde. Il s’explique, avec la même sérénité d’esprit et avec la même autorité de raison, l’ascendant momentané de la fraction la plus violente de la révolution, celle des montagnards. Pour que la France échappe au démembrement, il faut que nos armées triomphent ; pour que nos armées triomphent, il faut que tous les moyens offensifs et défensifs soient réunis, organisés, employés par un gouvernement au-dessus de tous les périls par son audace, de tous les scrupules par sa perversité, de toutes les résistances par sa violence. Or, la situation révolutionnaire étant donnée, il n’y a que les montagnards qui puissent créer le gouvernement atroce de cette atroce situation. Ne murmurez donc point contre leur prééminence momentanée ; ils ont une œuvre à accomplir : ils sont le châtiment, et il faut que la France soit châtiée, car le plus irrémissible de tous les crimes, c’est le crime contre la souveraineté ; or, le roi, en qui elle se personnifiait, a été conduit en plein jour à la mort. Shakspeare l’a dit : « La vie de qui dépendent tant de vies, celle du souverain, est précieuse pour tous ; quand la majesté royale vient à disparaître, un gouffre s’ouvre à la place qu’elle occupait, et tout ce qui était autour d’elle, elle l’entraîne avec elle. » Ils châtient l’Europe, qui a eu aussi sa part de responsabilité et de complicité, et ces hommes de châtiment sont enfin châtiés à leur