Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/431

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voulaient respecter le vœu national ? Lui dirions-nous : Vous avez cru aux Français ; nous vous avons entouré d’hommages et rassuré par nos serments ; un peuple immense vous a étourdi par ses acclamations bruyantes ; vous n’avez pas abusé de son enthousiasme. Si vos ministres ont commis beaucoup de fautes, vous avez été noble, bon, sensible ; une année de votre règne n’a pas fait répandre autant de larmes qu’un seul jour du règne de Bonaparte. Mais il reparaît sur l’extrémité de notre territoire, il reparaît cet homme teint de notre sang et poursuivi naguère par nos malédictions unanimes ; il se montre, il menace, et ni les serments ne nous retiennent, ni votre confiance ne nous attendrit, ni la vieillesse ne nous frappe de respect. Vous avez cru trouver une nation, vous n’avez trouvé qu’un troupeau d’esclaves ! Parisiens, non tel ne sera pas votre langage ; tel ne sera pas du moins le mien. J’ai vu que la liberté était possible sous la monarchie ; j’ai vu le roi se rallier à la nation. Je n’irai pas, misérable transfuge, me traîner d’un pouvoir à l’autre, couvrir l’infamie par le sophisme, et balbutier des mots profanés pour racheter une vie honteuse. »

Quelques jours après cette fougueuse protestation, l’empereur rentrait aux Tuileries, y faisait appeler Benjamin Constant et lui offrait les fonctions de conseiller d’État. Celui-ci les acceptait avec la mission de travailler à la rédaction des articles additionnels aux Constitutions de l’empire. C’est là un de ces exemples par lesquels Dieu, mettant la vanité hu-