Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/434

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En effet, le premier auteur de satires que l’on vit dans le monde s’appelait Satan.

Paul-Louis Courier appartenait, par son origine, par son éducation, comme par la nature de son talent, à cette classe d’intelligences indisciplinées et indisciplinables. C’était un de ces esprits chagrins et mécontents pour qui l’approbation est une fatigue et l’admiration un supplice. Né à Paris le 4 janvier 1772, il avait puisé ses rancunes contre l’aristocratie dans des souvenirs de famille : son père, riche bourgeois, homme d’esprit et de littérature, avait été obligé de quitter Paris pour éviter la vengeance d’un grand seigneur dont il avait séduit la femme[1]. Il est assez remarquable que le pamphlétaire qui devait flétrir avec tant de sévérité les vices de l’aristocratie, au nom de l’austérité bourgeoise, fût sorti d’une famille bourgeoise dont le chef avait eu un tort si grand envers une famille aristocratique. Paul-Louis, par suite de cet événement, fut élevé en Touraine. Son éducation fut surtout littéraire. Il avait peu de goût pour la science ; mais, dès son enfance, il étudiait avec passion les classiques grecs : il disait qu’il donnerait toutes les vérités d’Euclide pour une page d’Isocrate. Cet écrivain, idolâtre de la forme, avouait lui-même qu’il n’avait guère lu l’histoire qu’à cause du style des historiens[2]. Cette

  1. Nous avons puisé ce fait et la plupart des autres détails biographiques relatifs à Courier, dans la notice placée en tête de ses œuvres par Armand Carrel.
  2. Il disait de Plutarque, dans une de ses lettres datées