Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/441

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l’auteur qui retrouva ce même pâté d’encre, quand il s’agit de cacher, à ceux pour qui il écrivait, les grandeurs de la monarchie ; car, par une fatalité singulière, la phrase de Paul-Louis Courier faisait tache, comme sa plume, sur tout ce qui était élevé et grand.

Quoique admirateur sincère de cet écrivain, Armand Carrel, dans le précis qu’il a tracé de sa vie, avec cette vigueur de style et cette netteté d’aperçus qui lui était propre, n’a pu dissimuler ce qu’il y eut de fantasque et de désordonné dans sa carrière militaire. Mais, par une condescendance d’homme de parti, il n’a pas marqué la véritable source de ces bizarreries. Cette source, c’était l’orgueil, autre qualité de ces esprits inapplicables et nés pour une négation éternelle. C’était par le sentiment exagéré d’une personnalité enivrée d’elle-même que Courier cherchait, dans cette espèce de fanatisme d’artiste, une singularité dont il se faisait une supériorité. Il y avait plus d’affectation qu’on ne le pense dans ces prétendues distractions de savant et d’antiquaire, dans ces oublis de la discipline et des devoirs de son grade, et les calculs de l’acteur étaient pour beaucoup dans cette conduite où Armand Carrel n’a laissé voir que l’originalité de l’homme.

César disait : J’aimerais mieux être le premier dans un village que le second à Rome. Il y a toute une race de Césars manqués qui se font un village au sein de Rome même, pour y occuper la première place. Ainsi faisait Paul-Louis Courier. Ne pouvant faire mieux ou aussi bien sur le champ de bataille que beaucoup