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POLITIQUE.

gnait la France courbée sous la double tyrannie du sacerdoce et du municipe. Il refaisait, à l’usage de la chaumière, l’histoire des trente tyrans d’Athènes, le grand helléniste qu’il était ! C’étaient les peintures les plus pathétiques, les mouvements les plus éloquents, les phrases les plus passionnées, les apostrophes les plus émouvantes ; car, Paul-Louis, en homme qui connaissait les ressources de la rhétorique, avait un goût particulier pour l’apostrophe, et l’illusion est encore si grande que, si l’on n’avait pas été contemporain de la restauration, on serait tenté de croire qu’à cette époque il y eut une tyrannie réelle en France, tyrannie invisible pour l’histoire, et visible seulement pour le pamphlet.

Le premier pamphlet qu’il avait écrit était sa Pétition aux deux Chambres (10 décembre 1816), commençant par ces mots : « Je suis Tourangeau ; j’habite Luynes, sur la rive droite de la Loire, lieu autrefois considérable que la révocation de l’édit de Nantes a réduit à mille habitants, et que l’on va réduire à rien si votre prudence n’y met ordre. » Venait ensuite l’exposé des faits : Le paysan Fouquet, cheminant à cheval, a rencontré le curé de son village qui conduisait un mort au cimetière en récitant les prières de l’Église; il a refusé de céder le pas au convoi, d’ôter son chapeau, et il a blasphémé le nom de Dieu à la vue du cercueil et du prêtre. Pour ces méfaits, il a été arrêté et conduit, « pieds nus et les mains liées, entre deux voleurs, » ajoute Paul-Louis, aux prisons de Langeais,