Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/470

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plus. Dans sa Pétition pour des villageois qu’on empêche de danser (juillet 1822), Courier, s’adressant à un jeune curé élevé par un frère de Picpus et qui avait interdit la danse sur la place de l’endroit, lui dit du ton d’un vétéran de nos grandes guerres qui s’appuie à regret sur sa vieille épée de combat que la restauration l’aurait forcé de remettre au fourreau : « Ainsi, l’horreur de ces jeunes gens pour les plus simples amusements leur vient du triste Picpus, qui lui-même tient d’ailleurs sa morale farouche. Voilà comme, en remontant dans les causes secondes, on arrive à Dieu, cause de tout. Dieu nous livre aux Picpus. Ta volonté, Seigneur, soit faite en toute chose ! Mais qui l’eût dit à Austerlitz ! » L’homme qui traduisait l’oraison pro Ligario pendant que nos gens se battaient, écrit encore dans le même style qui sent son bivouac : « Je suis du peuple ; je ne suis pas des hautes classes ; j’ignore leur langage et n’ai pas pu l’apprendre ; soldat pendant longtemps, aujourd’hui paysan, n’ayant vu que les camps et les champs. » La vue des camps lui plaisait assez peu, puisqu’il les quittait sans congé ; et quant aux champs, quoiqu’il s’écrie dans le même pamphlet, « Foi de paysan ! » cela ne l’empêchait pas, quand les paysans lui coupaient ses arbres dans ses bois de la Chavonière, de vouloir être cru sur parole, par son maire, dans ses dénonciations contre eux, quand il avait dit, « Foi de propriétaire ! » Courier était désormais trop engagé par ses succès dans la carrière du pamphlet pour la quitter. Il continua donc à écrire sur les