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événements du jour ; seulement, pour éviter les saisies et les procès, le premier avait suffi à sa réputation, il ne fit plus imprimer ses pamphlets sous son nom. Il attaqua ainsi à peu près tout ce que l’on respecte, en religion comme en politique. Il peignit le confessionnal comme il avait peint le palais, et à l’occasion d’un mauvais prêtre qui avait abusé, pour commettre un crime, de cette grande et sainte institution de la confession, il écrivit ce morceau, qui est devenu le point de départ de toutes les attaques modernes contre ce sacrement : « Confesser une femme, imaginez ce que c’est. Tout au fond d’une église, une espèce d’armoire, etc… » Courier oublie qu’entre le prêtre qui juge et la femme qui s’accuse, il y a un invisible témoin à la présence duquel l’un et l’autre croient : c’est Dieu. Comme le rôle de victime est toujours un bon rôle devant le public, il feignit de penser que ses attaques contre le clergé l’exposaient à des périls réels, et, dans un de ses derniers pamphlets, il se fait dire par un de ses interlocuteurs, sorte de personnages complaisants imaginés par Voltaire pour donner la réplique, comme les confidents des tragédies : « Prends garde, Paul-Louis, prends garde : les cagots te feront assassiner ! » Il ne s’imaginait pas que cette insinuation, jetée à la légère, pouvait devenir une calomnie posthume !

La vie de Courier est maintenant expliquée, son talent apprécié. Sa vie, c’est la lutte de l’individualité indisciplinée contre la société, du membre contre le corps, de la personnalité contre l’organisation géné-