Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/473

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ger. Une ironie immense, incessante, amère, avait été déversée sur les tribunaux comme sur les parquets. Courier avait exécuté en effigie ces magistrats qui avaient eu la hardiesse irrespectueuse de troubler le grand pamphlétaire dans les passe-temps qu’il se donnait contre l’ordre social, et ces autres magistrats qui avaient eu le tort de le punir. Il avait attaqué encore le clergé, cette grande puissance morale, accréditée par le ciel auprès des intérêts de la terre ; il lui avait fait une guerre d’autant plus violente, qu’à l’imitation d’un grand nombre d’écrivains de son école il regardait le clergé comme un usurpateur dangereux qui disputait aux écrivains philosophiques leur influence légitime. Il était entré enfin dans des tombeaux où dormait le souvenir de femmes trop fragiles, dont l’existence avait été peu chaste sans doute, mais que le repentir, cette vertu qui naît des larmes que nous versons sur nos vices, avait peut-être justifiées devant Dieu, et il avait secoué d’une main impitoyable ces linceuls, pour verser le mépris sur de hautes familles et de grands noms. Dans sa haine contre la royauté et l’aristocratie, il avait prodigué les plus dures paroles, les dénominations les plus odieuses à ces femmes égarées, parmi lesquelles il en est une à qui Bossuet, aussi pur et peut-être aussi irréprochable que Paul Courier, disait avec l’accent d’une ineffable miséricorde : « Levez-vous, et entrez dans la piscine de la pénitence, ma sœur. » Vous le voyez, rien n’avait été inviolable ni sacré pour l’âpre génie de cet