Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/481

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ces manifestations fugitives. Le journal, ce dialogue de chaque matin entre l’intelligence de l’écrivain et celle des lecteurs, cette conversation raisonnée ou passionnée sur les hommes et les choses ; la brochure à l’allure vive et preste, qui indique les points que le livre développerait ; le pamphlet, cette arme terrible qui a brillé aux mains des écrivains dans tous les temps d’agitation politique, pendant la Ligue, sous la Fronde, lors de la première révolution, et qui peut se vanter de la Satire Ménippée, des belles pages de Camille Desmoulins contre le régime de la Terreur, comme il a à rougir des calomnies qui conduisirent Marie-Antoinette sur l’échafaud, exercèrent, avec l’éloquence de la tribune, la haute influence sur les esprits. Les trois écoles qui se disputaient la direction des idées employèrent ces instruments intellectuels.

Tous les écrivains politiques qui se rattachaient par des liens étroits aux trois grandes écoles qui nous sont partout apparues, trouvaient à Paris des centres d’action dans des salons alors célèbres, sur lesquels ils exerçaient une grande influence, et, qui à leur tour, faisaient pénétrer le reflux des opinions de la société dans le monde des idées. C’était un rendez-vous commun où chaque grande école philosophique, littéraire et politique tenait ses assises. Il se formait ainsi des clans intellectuels qui avaient chacun ses philosophes, ses poëtes, ses orateurs, ses savants, ses publicistes, ses historiens. À la chaleur d’une conversation ardente, on voyait éclore les idées. Les rôles se distribuaient