Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/485

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

madame Récamier, dit-il à son frère ; dis-lui que je suis innocent devant Dieu. Elle comprendra ce témoignage… » Et Couder fut sauvé. Madame Récamier associa à cette action libérale cet homme qui possède, en même temps, le talent et la bonté : M. Ballanche seconda ses démarches. »

Le salon de madame la duchesse de Duras qui, selon M. de Chateaubriand, avait de l’imagination et, un peu même dans le visage, de l’expression de madame de Staël, et qui a donné une idée du talent qu’elle aurait pu avoir comme auteur par la petite nouvelle d’Ourika, était une sorte de temple voué par l’amitié à la gloire de M. de Chateaubriand ; et tous ceux qui fréquentaient le temple avaient leur part dans le culte du génie, dont la splendeur était trop éclatante pour ne pas être un peu exclusive. Chez madame la princesse de la Trémouille, on rencontrait les hommes et les idées de la droite la plus avancée ; là dominait M. de Bonald, dont l’aspect comme le talent avait quelque chose d’austère et d’un peu rude. Dédaigneux des discussions, il conversait peu, sous prétexte qu’il avait écrit tout ce qu’il avait à dire ; seulement, quand il se trouvait au milieu d’auditeurs bienveillants et respectueux, il enseignait. M. Bergasse, dont la vieille réputation avait devancé la première révolution, et qui était sorti triomphant d’un duel judiciaire avec Beaumarchais, était, avec M. Ferrand, auteur d’un panégyrique de madame Élisabeth, et dont la réputation littéraire et politique avait