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gislation primitive, avait donc composé plusieurs ouvrages : un Essai analytique sur les lois naturelles de l’ordre social, un Traité sur le divorce considéré au dix-neuvième siècle, relativement à l’état domestique et public de la société ; et antérieurement encore à ces travaux, dès 1794, c’est-à-dire avant les Considération sur la France du comte de Maistre, il avait fait paraître plusieurs traités sur la philosophie et la politique, où sont disséminées les idées qu’il rassembla et codifia plus tard dans son grand ouvrage sur la Législation primitive. C’est parce que cet ouvrage contient les idées générales de M. de Bonald, arrivées à leur formule définitive, que nous l’avons choisi comme l’expression de l’influence qu’il exerça sur le mouvement de réaction intellectuelle qui remplit les dernières années du dix-huitième siècle et les premières du dix-neuvième. Il est assez remarquable que ce furent trois hommes de noble race : un Bonald, de la province de Rouergue ; un de Maistre, descendant d’une famille originaire du Languedoc ; un Chateaubriand, issu d’une des vieilles familles militaires de la Bretagne, toujours d’un si bon secours aux heures des périls suprêmes de la société française, qui prirent la tête de ce grand mouvement.

Le comte de Bonald n’a ni la puissance d’imagination unie à l’éclat du style de Chateaubriand, ni la marche rapide et pour ainsi dire elliptique de Joseph de Maistre, dont les intuitions ont un merveilleux caractère de spontanéité. C’est, pour employer la comparaison dont