Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/72

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idées, en effet, sur l’indissolubilité du mariage, vaincues au commencement du dix-neuvième siècle dans les institutions, continuèrent à faire leur chemin dans les intelligences, d’où elles descendirent plus tard dans les lois, où, malgré plusieurs révolutions politiques, elles se sont maintenues. Enfin, il combattit comme Joseph de Maistre et avec lui, en politique, la théorie de la souveraineté du peuple, cette conséquence des doctrines du dix-huitième siècle qui, faisant tout venir de l’homme, dominait sans contestation les esprits en France, depuis la dernière révolution. Il a bien vu le vide de toutes ces théories, qui donnent pour origine à toutes les sociétés un contrat social dans lequel les hommes seraient venus stipuler leurs droits, et accorder et mesurer le pouvoir. Ce sont là de ces contrats faits après coup par les philosophes, et dont il serait bien difficile de montrer les titres. La première société fut une famille, et dans une famille le pouvoir n’est pas élu, il résulte de la nature des choses. Il est bien probable que la société publique fut faite à l’image de la société domestique, et toutes les lumières que nous trouvons dans l’histoire viennent éclairer cette question dans le même sens que la probabilité logique et la tradition religieuse. M. de Bonald dit à ce sujet : « Les publicistes modernes veulent que la société soit volontaire et le produit d’un contrat, et la société est obligée et le résultat d’une force, soit de la force de la persuasion, soit de la force des armes, car Orphée était un conquérant comme Alexandre. Ils veulent que le