Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/77

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ministère lévitique chez les Juifs, guerrier chez les Égyptiens, était fixe, héréditaire et propriétaire. Les sociétés les plus faibles et les plus désordonnées de l’antiquité ont été les empires despotiques de l’Asie et les États populaires de la Grèce, où régnait une perpétuelle instabilité dans le pouvoir et dans ses fonctions. Il n’y a eu de force réelle, en Grèce, que chez les Spartiates et les Macédoniens, où il y avait plus de fixité dans les fonctions, et même quelque hérédité dans les personnes. »

Ces réflexions, appuyées sur l’histoire, sont, au point de vue général, d’une incontestable justesse, et l’on comprend le caractère de nouveauté hardie dont elles étaient marquées après la révolution française et le mouvement d’idées du dix-huitième siècle qui l’avait déterminée. Mais, pour compléter et tempérer ces réflexions, il faut se rappeler les considérations exposées par Joseph de Maistre sur les causes qui amènent, surtout dans la société chrétienne, la chute des pouvoirs héréditaires pris à tous leurs degrés. C’est l’oubli de leur raison d’être, écrite dans cette belle parole de l’Évangile : « Le plus grand d’entre vous sera le serviteur de ses frères. » La royauté héréditaire, l’aristocratie, sont des services publics ; l’objet de leur institution est tout entier dans ce mot servir. Lorsqu’elles l’oublient et qu’elles se servent du pouvoir au lieu de l’employer à servir les sociétés, les révolutions arrivent, aussi fatales aux peuples qu’aux gouvernements, sans doute, mais presque inévitables. C’est ainsi que l’oubli très-