Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/86

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la philosophie de nos annales, se croit obligé, pour prévenir les soupçons, de se comparer modestement à l’antiquaire qui étudie les monuments en ruines, et d’appeler son système un rêve politique qui demande à prendre sa place parmi tant de fictions et de romans beaucoup moins innocents. Il fallait se faire la part petite, parce qu’il y avait à table un formidable convive qui commençait à se faire la part du lion.

Joseph de Maistre rentre dans un silence méditatif et fécond du sein duquel nous verrons sortir de nouveaux éclairs.

Encore un peu de temps, et Chateaubriand qui un moment, a cru pouvoir marcher dans les faits avec le nouveau gouvernement qui avait rétabli le catholicisme en France, sera poussé vers l’opposition.

Ici s’arrête le grand mouvement d’expansion intellectuelle où nous avons dû aller chercher une des origines de la littérature de la restauration. Les idées vont faire silence devant les événements ; mais les semences ont été jetées dans les intelligences, elles y fructifieront. La réaction d’idées qui a eu Chateaubriand pour poëte, de Maistre pour publiciste, Bonald pour métaphysicien, a confié au sol les germes d’une moisson que l’avenir verra lever.