Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/78

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échange la terre que j’ai en Normandie : s’il approuve ce projet, je rentre dans un bien dont le nom m’est cher, et je vais y vivre absolument seule avec ma fille ; je n’y recevrai que toi, comme étant l’unique amie dont la présence me soit nécessaire.

Adieu.




XII


Serait-il possible, ma Juliette ! Sir James aurait un crime à se reprocher ! Il serait coupable avec une âme aussi belle ! Et ce que j’avais pris pour l’effet d’une douleur inconsolable, ne serait que celui du remords ! Non, tu ne concevrais pas cette idée plus que moi, si tu le connaissais, si tu l’avais seulement entrevu. Sa figure, l’expression répandue sur toute sa personne, la fierté qui le caractérise, t’auraient donné de lui une toute autre opinion. Sa tristesse paraît, dis-tu, celle d’une conscience troublée ; mais tu fondes ces soupçons sur ce que je t’en ai dit ; je me suis sûrement mal expliquée, et tu auras trop pris à la lettre le portrait que je t’en fis lors de mon arrivée à Varannes. On m’avait prévenue contre lui ; il était, disait-on,