Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/116

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— Non, mais c’est celle que je m’en fais. Comment expliquer autrement sa répugnance à parler de lui ; va, pour être aussi discrète, il faut qu’elle ait à s’en plaindre.

— Ne peut-on savoir son crime, par quelques serviteurs de la maison ? sa femme de chambre, par exemple, a dû connaître le défunt ?

— Tu penses bien que je m’en suis déjà informé ; mais, en suivant son père aux États-Unis, elle ne s’est fait accompagner d’aucun de ses gens, et ceux qu’elle a maintenant sont moitié Français transplantés et moitié Américains. Pas un d’eux n’a connu M. des Bruyères. Augustine, ayant surpris plusieurs fois sa maîtresse dans la contemplation d’un médaillon renfermant une miniature, espérait profiter d’un moment de distraction pour s’emparer du médaillon, et jeter un coup d’œil furtif sur le portrait qu’il renferme ; mais ce portrait, attaché par une petite chaîne, ne quitte ni jour ni nuit le beau col de la comtesse, elle le cache aussitôt qu’elle entend venir quelqu’un, et la curiosité d’Augustine n’a pu encore se satisfaire. Pourtant je la paie assez bien.

— C’est de l’argent jeté par la fenêtre, le soin que prend sa maîtresse de cacher cette miniature à tous les yeux, prouve assez l’illégitimité du mo-