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ce que fit François Thomassin, encouragé par les avis d’un gros marchand de toile qui passait tous les mois dans le village, en allant vendre ses serviettes et ses nappes dans les châteaux environnants. François partit un beau matin, avec une petite somme moitié à lui, moitié à son père, et il lui laissa pour adieu ce billet d’une orthographe de fantaisie :

« Ne t’enguiete pas de moi je va à Paris, fère fortune. »

Nous ne le suivrons pas dans la route qu’il prit pour arriver à son but ; mais vingt-cinq ans après avoir écrit ce peu de mots, il écrivait en fort bon français une lettre au marquis de Bois-Verdun, par laquelle il lui offrait d’acquérir pour quatre cent mille francs comptant, le château des Bruyères avec toutes ses dépendances, dont la petite ferme du père Thomassin faisait partie. Cet héritage, qui avait passé par tous les chefs de sa noble famille avant d’être l’unique patrimoine du vieux marquis, il se voyait contraint à le vendre pour payer quelques dettes, pour subvenir aux frais qu’exigeaient les études de son fils, et son séjour à Paris.

L’ancienne famille des Bois-Verdun, ruinée comme tant d’autres par suite de toutes nos révolutions, s’était retirée dans la seule terre qui lui