Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/16

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— Enfin, chacun a sa manie, ajouta-t-il, vous ne trouviez rien de comparable à vos cercles américains, où le thé fait tous les frais de la conversation. Eh bien ! moi, je mets avant tout le plaisir de voir journellement des gens mieux élevés que moi, et de pouvoir appeler mon cher un marquis ruiné. Grâce à notre jolie Clotilde, c’est un honneur fort à ma portée. Avec ses beaux yeux, son teint, sa taille et sa dot, je trouverai sans peine à lui donner pour mari un de ces jeunes héritiers de grands noms, tout prêts à les mésallier pour de grands revenus. Je compte sur vous pour la disposer à entrer dans mes vues, cela sera d’autant plus facile, qu’élevée avec toutes les demoiselles du faubourg Saint-Germain, elle a dû entendre souvent parler de leurs frères : pourvu qu’elle n’ait pas déjà fait un choix !

— Ah ! je répondrais bien que la pauvre enfant n’a encore aucune idée de ce genre. Vous oubliez qu’elle a eu beaucoup à souffrir de la moquerie de ses nobles camarades, dit madame Thomassin. Que toutes, plus ou moins envieuses de sa beauté, de son esprit et de ses talents, s’en vengeaient à coups de plaisanteries sur la couleur de ses cheveux. Comme si une foule de jolies femmes du siècle dernier et du siècle présent, ne s’étaient pas