Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/17

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fait admirer et adorer, malgré leur chevelure d’or, ainsi que disent les poëtes !

— C’est un fait incontestable, reprit M. Thomassin, et je n’ai jamais compris le préjugé établi en France contre les cheveux roux. D’abord la plupart deviennent en vieillissant d’un blond foncé fort agréable à l’œil ; et même, en gardant tout leur éclat, ils ne sauraient nuire à un beau visage ; mais il n’est aucun moyen d’aller contre une sottise consacrée par le temps, il faut se contenter d’agir avec elle comme avec les puissances imbéciles. Il faut ruser. L’industrie nous y engage ; grâce à ses progrès, chacun peut se donner aujourd’hui l’âge qu’il veut et la couleur qu’il préfère. Les feuilletons, les vaudevilles ont beau se moquer des inventions réparatrices, elles n’en sont pas moins très-estimables ; car s’il est permis de se livrer à de profondes études dans l’art de plaire, on doit encore plus encourager les soins, les ruses mêmes qui ont pour but de ne pas déplaire. Je trouve fort simple que la femme dont les cheveux grisonnent avant le temps, ait recours à ces teintures miraculeuses qui lui assurent des vieux jours semés d’œillades et de propos galants. Enfin, le talent de cacher ses défauts en faisant valoir ses agréments, étant le premier mérite