Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/20

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raison y voyait de si grands avantages pour l’avenir de son fils, qu’elle devait l’emporter sur toutes les répugnances aristocratiques. L’orgueil d’Adalbert, portant sur des motifs moins intéressés, était plus difficile à soumettre ; l’idée de devoir sa fortune à sa femme lui déplaisait vivement, il se sentait incapable de sacrifier l’indépendance de son caractère aux exigences de tous genres que le plus riche d’un ménage se croit en droit d’exiger de l’autre. Doué, ou plutôt affligé de cette loyauté chevaleresque qui donnait jadis à la parole d’un gentilhomme toute la valeur d’un acte notarié, il avait en horreur la tolérance moderne pour tout ce qui dupe, et les mauvaises plaisanteries que lui attirait sa prétention de n’être pas trompé ne l’empêchaient pas d’y persister. Je sais bien, disait-il, qu’on ne changera pas le monde pour me faire plaisir, et que le nombre des mystifiés et des mystificateurs y sera toujours le même ; mais du moins m’appliquerai-je à fuir de mon mieux ces menteuses de profession qui se maintiennent dans l’habitude d’une foule de petites tromperies en attendant les grandes.

Son père savait se jouer des manies en homme qui en connaît la puissance, il se servit avec adresse de celle d’Adalbert, et lui prouva que s’il y avait