Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/23

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plus de force à braver le ressentiment de son père, que les reproches humiliants de l’homme qu’elle commençait à aimer, parlait de céder à sa noble franchise, lorsque madame Thomassin fondit en larmes en disant :

— Eh ! ce n’est pas toi seule que ton père accuserait, c’est moi, dont il se rappellerait la résistance lorsque j’ai tenté de combattre sa volonté à ce sujet, et Dieu sait ce qu’il me faudra souffrir. Ah ! par pitié pour moi, chère enfant, ne fais rien qui puisse l’irriter. Tu sais que la moindre injure de sa part me bouleverse, et que ma pauvre santé me met hors d’état de supporter une scène un peu vive ; ne m’y expose pas. D’ailleurs, il est dans ton intérêt d’attendre que tu aies acquis la confiance de ton mari, que son attachement pour toi soit consolidé par la connaissance de ton caractère, pour lui faire l’aveu de cette simple supercherie, que lui-même t’aurait sans doute conseillée, si ton père ne te l’avait ordonnée.

À la vue des larmes de sa mère, Clotilde s’était jetée dans ses bras, en lui promettant de ne rien faire et rien dire qui pût lui attirer le moindre chagrin.

Dans l’inquiétude que lui donnait la maladie de poitrine dont madame Thomassin avait tous les