Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/71

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un peu, il vous aimerait beaucoup, et j’ai dans l’idée que cela me ferait de la peine. Voilà de ces aveux que vous autres Françaises ne faites qu’à la dernière extrémité, c’est-à-dire quand ils ne sont plus bons à rien. Moi, je préfère vous laisser voir ma faiblesse dans l’espoir que vous la ménagerez, et qu’elle vous détournera du désir fort naturel de tourner la tête à un si charmant compatriote.

— Je crois que j’aurais bien peu de chances, dit Clotilde avec un sourire amer.

— N’importe, n’essayez pas, et pour me rassurer tout à fait, venez avec moi, ce soir, chez la duchesse de Monterosso, elle donne un grand concert, et compte sur vous, car elle sait par moi que vous n’êtes plus malade. Vous me direz loyalement si je ne me fais pas d’illusion, si ce que je prends pour des soins particuliers, ne sont que de simples politesses parisiennes, si la préférence dont je me flatte est réelle ?

— C’est beaucoup exiger de ma pénétration, dit Clotilde, émue d’un sentiment dont elle ne se rendait pas compte ; mais puisque vous voulez savoir par moi à quel point M. de Bois-Verdun vous aime, je tâcherai de le deviner, ajouta-t-elle du ton dont on prend une résolution courageuse.

Au sortir de cet entretien, madame des Bruyè-