Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/72

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res ordonna de lui préparer une robe élégante et la guirlande qui venait d’arriver de France, pour s’en parer le même soir. Elle s’effraya de ce mouvement de coquetterie, puis cherchant à le justifier :

— Au fait, pensa-t-elle, pourquoi ne ferais-je pas valoir le peu d’agréments que le ciel m’a donnés, lorsqu’il tire un si grand parti des siens ? Lorsqu’il s’applique à séduire, je puis bien m’amuser à plaire ; d’ailleurs je n’ai rien à perdre à ce jeu : ou mes succès lui seront indifférents, et je n’aurai pas lieu de me les reprocher, ou ils lui donneront de l’humeur, et cela me ravira.

Pendant que la comtesse cédait à son dépit, en croyant obéir à la raison et à l’amitié, Sosthène racontait à son ami tout ce qu’il savait de la princesse Ercolante.

Elle était née à Bologne, d’une famille noble et ruinée par les différentes révolutions du pouvoir en Italie. Son père s’était vu réduit à l’implorer pour le sauver de la misère, ainsi que trois autres enfants qu’il avait à élever ; et la belle Herminia, dans l’âge où l’on n’a pas la moindre idée des joies de l’amour et encore moins des ennuis du mariage, avait consenti, sans nul effort, à épouser le prince Ercolante, quoiqu’il fût laid, vieux et