Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/77

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nant l’avis de tout le monde, sans jamais donner le sien ; affectant la plus parfaite indifférence pour les intérêts qui le dominaient ; galant dans toute l’acception du vieux mot avec toutes les femmes et toutes les puissances, mettant la coquetterie d’esprit en tête des devoirs d’un diplomate, gardant sa franchise et ses pensées pour sa correspondance.

Ce qu’il avait entendu dire de la comtesse des Bruyères, de sa fortune et de l’estime qu’on lui portait généralement, lui inspirait un vif désir de la connaître, et de voir lui et son fils bien accueillis par elle ; raison de plus pour lui parler avec toute la froideur du respect ; mais Sosthène qui était très-ignorant dans cette tactique de salon, déconcertait le savant manége de l’ambassadeur par les aveux imprudents du jeune attaché. On aurait pu traduire chacune des phrases qu’il adressait à Clotilde sur les sujets les plus insignifiants, par ces mots :

— Vous êtes la plus belle, la plus aimable, et je suis décidé à vous adorer ! dût-il m’en coûter la vie.

On ne s’irrite contre les aveux de ce genre qu’autant qu’on les croit dangereux. Clotilde resta longtemps sans les comprendre. Son attention, fixée sur