Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/96

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très-favorable aux personnes dont un fonds de mélancolie et de timidité neutralisent souvent l’esprit et l’imagination poétique ; dans sa déraison charmante ou son éloquence sans prétention, Clotilde se faisait vivement applaudir de ses amis. Loin de la déconcerter, l’attention maligne qu’Adalbert mettait à l’écouter, semblait exciter sa verve ; et lorsque de certains apologues se présentaient tout naturellement dans la conversation, elle ne se refusait pas le plaisir d’en faire un instrument de vengeance.

Rien ne revient plus souvent dans toutes les causeries que les lieux-communs sur les mauvais ménages ; les galanteries conjugales, les ruses réciproques qui alimentent les caquets de la bonne compagnie. À chaque nouvelle aventure, vraie ou fausse, il se trouve toujours à travers un grand nombre d’accusateurs, quelqu’avocat de la faiblesse humaine qui se met à la place du mari outragé ou de la femme trahie, et plaide de tout son esprit pour la mauvaise cause. Lorsque ces occasions se présentaient, Clotilde ne manquait pas à demander l’avis particulier des personnes qui se trouvaient là pour arriver à celui d’Adalbert.

Un soir que l’on discourait, chez la duchesse de Monterosso, sur le célèbre empoisonnement d’un