Page:Nichault Les Malheurs d un amant heureux.djvu/129

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rité des talents qui devaient concourir aux succès de la séance, je ne me suis bientôt plus occupé que d’en observer l’effet.

Celui qu’a produit la réponse de M. Dussault au discours du président du directoire, a été tel que nous pouvions le désirer. Il y régnait un ton de décence et de liberté qui a satisfait également le public, l’institut, et le directoire. Daunou a pris ensuite la parole, il remplissait, en quelque sorte, dans cette occasion, le rôle de l’orateur de l’institut. C’est en son nom qu’il a caractérisé avec précision la nature de ce bel établissement, les fonctions des diverses classes qui le composent, l’esprit qui doit l’animer, les travaux qu’il doit se prescrire, et le genre d’appui qu’il doit trouver en retour dans un gouvernement ami des lettres. L’art de penser et d’écrire, d’enchaîner les idées avec ordre, et de les exprimer avec élégance, force et clarté, ont brillé dans ce discours plein de dignité, de philosophie et d’éloquence.

Lacépède, secrétaire de la classe des sciences physiques et mathématiques, Le Breton, secrétaire de celle des sciences politiques et morales, et Fontanes, secrétaire de celle de la littérature et des beaux-arts, ont lu successivement le compte rendu des travaux de ces trois classes. Cette partie indispensable de la séance a été suivie d’une pièce de vers, où l’on a reconnu le talent aimable de Collin-d’Harleville. C’est une allégorie sur la réunion de toutes les sciences et de tous les arts dans l’institut national : elle nous représente les transports du Génie, en voyant enfin ses enfants réunis ; et je me rappelle ces vers qu’il leur adresse :

    Ouvrez les yeux, songez de qui vous êtes nés,
    À quel sublime emploi vous êtes destinés ;
    Le ciel qui vous a tous envoyés sur la terre,
    A su vous imprimer le même caractère :
    Celui qui du soleil mesure la hauteur,
    N’en admire pas mieux son immortel auteur,
    Que celui qui démêle un insecte, un brin d’herbe.
    Oui, du faible arbrisseau jusqu’au cèdre superbe,
    Tout est le digne objet de vos travaux divers.
    L’un répand les trésors que l’autre a découverts ;