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De la Béatitude involontaire.
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Avec de pareilles énigmes et de telles amertumes dans le cœur, Zarathoustra passa la mer. Mais lorsqu’il fut éloigné de quatre journées des Îles Bienheureuses et de ses amis, il avait surmonté toute sa douleur : — victorieux et le pied ferme, il était de nouveau debout sur sa destinée. Et c’est alors que Zarathoustra parlai ainsi à sa conscience pleine d’allégresse :

Je suis de nouveau seul et je veux l’être, seul avec le ciel clair et avec la mer libre ; et de nouveau l’après-midi est autour de moi.

C’est l’après-midi que pour la première fois j’ai trouvé mes amis, c’était l’après-midi aussi une autre fois : — à l’heure où toute lumière devient plus tranquille.

Car les parcelles de bonheur qui sont encore en route entre le ciel et la terre se cherchent un asile dans une âme lumineuse : Maintenant le bonheur a rendu toute lumière plus tranquille.

Ô après-midi de ma vie ! Un jour mon bonheur, lui aussi, est descendu dans la vallée pour se chercher un asile : alors il a trouvé ces âmes ouvertes et hospitalières.