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Les sept Sceaux.
(ou : Le chant de L’alpha et de L’oméga)
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1.

Si je suis un devin et plein de cet esprit divinatoire qui chemine sur une haute crête entre deux mers, —

qui chemine entre le passé et l’avenir, comme un lourd nuage, — ennemi de tous les étouffants bas-fonds, de tout ce qui est fatigué et qui ne peut ni mourir ni vivre :

prêt à l’éclair dans le sein obscur, prêt au rayon de clarté rédempteur, gonflé d’éclairs qui disent oui ! qui rient oui ! prêt à des foudres divinatrices : —

— mais bienheureux celui qui est ainsi gonflé ! Et, en vérité, il faut qu’il soit longtemps suspendu au sommet, comme un lourd orage, celui qui doit un jour allumer la lumière de l’avenir ! —

Ô, comment ne serais-je pas ardent de l’éternité, ardent du nuptial anneau des anneaux, — l’anneau du devenir et du retour ?

Jamais encore je n’ai trouvé la femme qe qui je voudrais avoir des enfants, si ce n’est cette femme que j’aime : car je t’aime, ô éternité !

Car je t’aime, ô Éternité!


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