Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/431

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
    431    

qui, dans les pays nouveaux, goûte de l’air nouveau. Puis il commença à chanter avec une sorte de hurlement.

*
*           *


2.

Le désert grandit : malheur à celui qui recèle des déserts !


— Ah !
Solennel !
Un digne commencement !
D’une solennité africaine !
Digne d’un lion,
ou bien d’un hurleur moral...
— mais ce n’est rien pour vous,
mes délicieuses amies,
aux pieds desquelles
il est donné de s’asseoir, sous des palmiers
à un Européen. Selah.

Singulier, en vérité !
Me voilà assis,
tout près du désert et pourtant
si loin déjà du désert,
et nullement ravagé encore :
dévoré
par la plus petite des oasis
— car justement elle ouvrait en bâillant
sa petite bouche charmante,
la plus parfumée de toutes les petites bouches :
et j’y suis tombé,
au fond, au travers — parmi vous,
vous mes délicieuses amies ! Selah.