Page:Nietzsche - Considérations Inactuelles, II.djvu/159

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

combat, mais pour les moments de repos qui précèdent ou interrompent le combat, pour ces instants fugitifs où, évoquant le passé, pressentant l’avenir, nous comprenons ce qui est symbolique, où, sous l’impression d’une légère fatigue, un rêve rafraîchissant s’abaisse sur nous. Le jour sé lève et la lutte va commencer, les ombres sacrées s’évanouissent et l’art est de nouveau loin de. nous, mais la consolation qu’il a apportée est · restée répandue sur l’homme comme une rosée du Ame- È ; *’= tin. Partout ailleurs l’individu se trouve en présence de son insuffisance personnelle, de sa médiocrité et de son ’ impuissance ; comment trouverait-il le courage de combattre, s’il n’avait été d’abord sanctitiépar quelque chose d’impersonnel ! Les plus grandes souffrances que Vindividu peut éprouver — le manque d’accord sur la vérité parmi les hommes, Pincertitude concernant les derniers résultats de la science, Finègalitè des i’acultêS — toutlcela fait qu’il a besoin de l’art. Nous ne saue rions être heureux tant »qu’autour de noustout souffre et ’ se crée des souffrances ; nous ne saurions être vertueux, ’ tant quelecours des choses humaines est déterminé par la violence, le mensonge et l’injustice ; nous ne ·sau- ’ rions même être sages tant que l’humanité toutentièren’c« pas rivalisé dlardeur pour acquérir la sagesse et n’a pas introduit l’individu, de lafaçon la plus sage, dans. ”’ · la vie et dans les sciences. Comment serait-il donc, possible de supporter c sentiment de triple insuffisance, il ’si l’on niétait pas capable de discerner ce qu’il y a de sublime et d’important dans la nécessité qui s’impose d’aspirer, de combattre et de succomber, si l’on n’ap~, prenait parla tragédie àprendre plaisir au rythme de